jeudi 31 mai 2012
Mon texte original
mardi 17 avril 2012
Fais attention!
Fais attention!
(Pour tous les futurs Arthur et Océane et Matéo et Alice qui ne sont pas encore nés)
À toi, enfant que nous attendons en même temps que la fin du monde en décembre… dépêche-toi si tu ne veux pas que la fin du monde arrive avant toi!
Voici, enfant dans ton cocon intense, pourquoi moi, Stéphane Martin, je t’écris : il faut que tu fasses attention à certaines choses.
1- Fais attention aux petits nains cachés dans la pizza au fromage. Un petit nain, ça ne goûte pas bon et ça prend dans les dents…
2- Fais attention aux femmes et aux animaux.
3- Fais attention quand tu traverses la rue, il faut regarder les voitures, il ne faut jamais faire d’accident.
4- Fais attention de ne pas devenir gros! Bois du Pepsi Zéro! Moi j’ai commencé à en boire parce que j’étais rendu trop gros, que m’ont dit les préposés. Je ne pouvais plus me tourner sur le ventre, dans mon lit, sans péter, comme Simon mon accompagnateur. Mais il ne faut pas trop boire de Pepsi Zéro, c’est pas bon à cause des dents.
5- Fais attention à Mary, elle a 83 ans! Moi, j’ai 44 ans et je fais toujours attention à elle, sauf que des fois je la déconcentre et elle oublie ses clés dans la voiture.
6- Fais attention, en bas du trottoir il y a des nids de poule, ils sont très profonds. Si tu tombes dedans, on ne te reverra jamais!
7- Et finalement, fais attention... de ne pas faire trop attention! Pourquoi? Parce que c’est plate de faire trop attention!
Bonne vie à toi futur enfant!
mardi 13 mars 2012
Le feu
Tout à coup, Simon sent le feu. Je sens le feu aussi.
Je sors de la classe avec Simon et nous décidons d’aller au centre d’achats.
Tous les membres restent dans la classe pour regarder le film Bridget Jones.
Moi je vais dans le grand Zellers chercher une bouteille de coke mais Simon ne le sait pas. Il me perd de vue.
Je sors du Zellers pour me promener dans le centre d’achats.
Je reviens dans le Zellers, je retrouve Simon et nous retournons nous promener dans le centre d’achats.
Au HMV, on achète deux films pour mon cadeau de Noël.
Monsieur Robin Williams joue dans une comédie avec des enfants, je pense que ça va être drôle, avec les professeurs dans l’histoire.
Le deuxième DVD, c’est une histoire qui se passe il y a longtemps, les gens portent des peaux d’animal comme vêtements, le titre est Grrr. Il y a Gérard Depardieu, mais aussi beaucoup d’autres personnages, mais Jésus Christ n’est pas là, parce que ça se passe en 1800 avant qu’il naisse.
Après ça, on se promène dans le centre d’achats.
On revient à Radisson pour le transport adapté.
Ça ne sent même pas le feu.
Le bâtiment est pareil comme avant.
Fin
jeudi 9 juin 2011
L'histoire de ma liberté
Mary s’occupe de moi. Elle a 82 ans. On s’est connu à Lucie Bruneau. À cette époque, c’est Pierre Desroches, curé, qui était mon curateur. On était allé à Lucie Bruneau pour m’acheter une chaise roulante électrique et c’est là que j’ai vu Mary pour la première fois.
Pierre m’a rencontré quand j’avais 6 ans, à l’hôpital. Je n’aimais pas ça être là. Il y avait beaucoup de monde. Beaucoup de personnes criaient tout le temps. Je ne faisais rien, c’était plate, je m’ennuyais. J’étais dans une chaise roulante manuelle, j’avais besoin de quelqu’un pour me pousser, je n’étais pas autonome du tout.
La première fois qu’on s’est rencontré, Pierre et moi, il est venu me voir dans ma chambre. Il m’a posé une question : « Veux-tu aller à l’église? » J’ai dit « oui » avec la tête et j’ai fait un son avec ma bouche. Je ne savais même pas c’était quoi une église, mais je voulais y aller pour prier, pour remercier le bon Dieu parce qu’il m’avait écouté le dimanche matin quand je priais, le remercier de m’avoir fait rencontrer Pierre.
***
C’est Pierre qui me fait commencer l’école en 1974. J’aime ça apprendre des choses. Dans la classe, il y a d’autres jeunes enfants handicapés. Le professeur est bon, c’est une femme d’âge moyen.
Pierre m’amène souvent voir Mary à sa maison. Nous faisons aussi un voyage en Gaspésie, avec Michel Périard, de Foi et Partage. Mary vient avec nous.
Pierre m’a sorti de l’hôpital quand j’avais 8 ans, j’ai commencé à rester au Centre Communautaire Radisson. Je reçois ma première chaise roulante électrique, je peux me promener un peu tout seul, je suis plus autonome.
Durant ces années, Mary devient ma curatrice. Pierre, lui, continue à être curé à l’église Saint-Pierre.
Au Manoir de Cartierville, en 1994, il y a beaucoup de monde. 182 résidents. Il faut attendre qu’une place se libère. Je ne peux plus rester au Centre Radisson, parce qu’il ne sera plus un centre pour vivre, il deviendra une école. Je commence à habiter au Manoir Cartierville en 1995, je trouve le personnel bien gentil.
Promenades
Au début, les résidents et le personnel du Manoir ne me connaissent pas. Avec un éducateur, je me promène sur tous les étages, il me présente aux résidents et aux employés. Mon ergothérapeute m’aide pour me déplacer avec ma chaise roulante électrique, c’est lui qui conduit. Quand c’est moi qui conduis, je fonce dans les gens, les murs et les chariots dans le corridor. Je me pratique à me déplacer en ligne droite, toujours à la vitesse 1, jamais en 2, 3 ou 4. Les préposées s’occupent des autres résidents. Moi, je suis tout seul. Le soir, je regarde la télévision. Et Mary, tout les soirs, m’aide à manger mon souper. Les préposées sont très occupées.
Éric Parizeau, un ami, vient aussi m’aider à manger dans ma chambre. Après le souper, Éric joue sur mon ordinateur. Comme activité, on fait des promenades, mais pas toujours. Souvent c’est avec Mary que je me promène. Les préposées finissent par dire "c’est OK", je peux me promener en chaise roulante motorisée dehors tout seul.
Je vais partout autour du manoir, je vends mes cannettes au IGA, il fait beau, c’est l’été. Après ça, on fait des sorties organisées par le manoir, j’ai un accompagnateur mais c’est moi qui conduis autour des autres personnes dans l’activité. C’est trop chaud, alors il y a beaucoup de résidents et de préposés qui restent au Manoir à regarder la télé.
Je commence à aller manger des hot-dogs tout seul au restaurant Tevere, qui se trouve à la Place Versailles. Le gars derrière le comptoir coupe la saucisse en petits morceaux parce que j’ai peur de m’étouffer. Il faut bien mâcher. Un moment donné, je suis tanné de manger toujours la même chose, alors je change. Le restaurant Tevere est reconnu pour sa délicieuse pizza, je commence à en manger. En 2011, j’aime toujours ça.
Après le dîner, je me promène dans le centre d’achats jusqu’à 13h15. Je regarde partout, je vais au magasin de CD et DVD (le HMV) voir quels films il y a, et si le prix est bon, j’en prends un. Des fois je paye avec ma carte débit, d’autres fois je prends mon argent en papier. Les employés qui me connaissent me disent bonjour, je suis un bon client. Je leur demande un titre de CD ou de chanson, ils me montrent c’est où.
Mais parfois, l’employé ne me connaît pas. Il me demande c’est quoi le titre de l’album, en quelle année il est sorti, mais moi j’ai connu le groupe en écoutant la radio. L’employé me parle avec mon tableau de communication, même s’il n’a pas besoin, je ne suis pas sourd ! Mais c’est souvent comme ça avec les gens qui ne me connaissent pas.
***
Je vous présente Simon. C’est qui ? Mon accompagnateur. On travaille ensemble depuis 9 mois. Il est bien gentil avec moi. Le mardi et le mercredi toute la journée et le jeudi après-midi, on vient au Centre Radisson, où je suis des cours. On s’amuse beaucoup ensemble. Il fait tout le temps des farces, il fait le clown, et moi je ris.
Le midi, Simon et moi, on se sauve au centre d’achat de la Place Versailles… et moi je me sauve de Simon ! J’aime bien Simon, mais j’aime me promener tout seul. J’aime ma liberté.
mardi 12 avril 2011
Mes deux activités avec Simon
jeudi 11 février 2010
mardi 19 février 2008
Ma vie
Ma famille était ma mère, mon père, mon petit frère et ma sœur. Tout le monde me chicanait parce que j’avais besoin de beaucoup de soins et je ne m’entendais pas avec les autres membres de ma famille. Il faut dire que j’étais gâté pourri. Je n’aimais pas ça être handicapé parce que je demeurais toujours en institution. Tout petit bébé, je dormais avec beaucoup d’autres personnes autour de moi. J’avais de beaux cheveux blonds.
Ma première école était bilingue. Elle s’appelait Peter Hall. Il y avait beaucoup d’enfants. En 1978 j’avais beaucoup d’amis que je ne connaissais pas avant, ni le professeur. Les enfants recevaient des cadeaux, comme des jouets. Un enfant recevait un chat doux, mais pas de cadeaux électroniques.
Pierre Desroches coupait les cheveux. Il priait dans l’église; aussi il aimait les personnes handicapées. Il enseignait la catéchèse à l’École Victor-Doré. Les professeurs étaient des femmes qui enseignaient les maths et le français. J’ai appris à communiquer avec un tableau Bliss. C’était difficile. J’aimais aller à l’école parce que j’apprenais et je me faisais beaucoup de nouveaux amis à l’École Joseph-Charbonneau.
Pierre m’amenait à l’Hôpital Marie-Enfant chaque mercredi soir de 1984 à 1986 pour une soirée de prière. Déménagé à Lucie- Bruneau en 1986, j’ai appris de belles choses comme faire des transferts. J’ai connu beaucoup d’amis et j’ai appris à me débrouiller tout seul. Je parlais avec les autres avec mon tableau « Écrire ». Les préposés comprenaient la personne handicapée, mais parfois ils ne connaissaient pas mon tableau « Écrire ».
L’amitié
J’ai connu Mimi Gladu à Lucie-Bruneau. J’avais 18 ans.
Nous avons écouté de la musique sentimentale et puis j’ai appris à écrire à l’ordinateur. Mon fauteuil roulant motorisé me permet de me débrouiller tout seul. À la piscine je nageais .
J’ai connu Janvier à Sherbrooke. Janvier et Rachel avaient une maison pour handicapés intellectuels qui s’appelait « Monchénou ». En 1990 je les ai visités pour voir si j’aimais ça. J’aimais ça, mais je trouvais ça un peu loin de Montréal.
J’ai rencontré Michel Périard au Foyer de Charité. Il travaillait à la cuisine. Il passait beaucoup de temps avec moi. Il faisait des farces.
J’ai connu Pierre Desroches quand j’étais tout petit à l’âge de 6 ans. J’étais à l’école.
J’ai rencontré Mary à Lucie Bruneau aux rencontres « Foi et Partage »; on parlait de Jésus. Mary a beaucoup travaillé avec les personnes handicapées. Après ça j’ai connu beaucoup d’amis avec elle.
Au Centre Radisson j’ai connu Lucie. Elle est professeur au CREP. Elle est devenue une amie parce que j’ai écrit de belles phrases à l’Internet. J’aime ça écrire à l’Internet.
J’ai rencontré Eric au Camp Papillon. Quand j’avais 16 ans lui il avait 6 ans. Je l’avais perdu de vue, mais je l’ai rencontré de nouveau à la piscine de l’École Joseph-Charbonneau. Il a commencé à venir me voir au Manoir Cartierville. Il connaît très bien l’ordinateur. Il m’a montré bien des choses.
J’ai rencontré Sylvain à Lucie-Bruneau. Nous avions tous les deux à peu près 18 ans. Nous écoutions la musique ensemble.
Je suis allé à La Ronde avec 3 personnes en 1995, j’ai essayé tous les jeux, les Montagnes Russes, la grande roue. J’avais très, très chaud; c’était le mois de juillet. Mario m’a amené une autre fois pour m’aider avec les jeux. Nous avons mangé des hot dogs. Une journée parfaite.
Juste pour rire
Je suis allé avec Mimi voir une exposition sur le sommeil. C’était comique. La madame contait plusieurs rêves. Moi j’ai souvent rêvé de voler.
Je suis allé aussi voir le spectacle de Martin Matte. Il racontait des histoires drôles.
Je suis allé voir des spectacles à Disney World en Floride, comme le Bossu de Notre-Dame, des parades, des feux d’artifices, Mickey et Minnie Mouse.
Je suis allé voir les Canadiens. J’ai beaucoup aimé aller au hockey. C’était excitant.
J’ai beaucoup écouté la musique populaire à la radio et en cassette. J’aimais Charles Trenet, Félix Leclerc, Tino Rossi.
Aujourd’hui j’ai des CDs et j’écoute la musique sur l’Internet.
Films
Moi j’aime beaucoup les films à la télévision surtout les comédies, parfois les drames. Je n’aime pas les films d’horreur. J’aime acheter des vidéos ou bien je copie les films à la télévision.
J’aime enregistrer des copies de cassettes de la télévision mais pas la nuit; je me fatigue les yeux et les préposés ne savent pas comment installer les deux commandes. Je dois leur montrer.
Fiançailles
Je suis allé à mes fiançailles en 2002 à la Cité des Âges pour le party de Noël. Lucie a pris des photos. On a dansé Mimi et moi. Je lui ai donné une bague de fiançailles. Mimi était très contente.
J’ai dit : « Je t’aime pour toujours » et Mimi m’a répondu :
« Moi, je vais t’aimer pour la vie ». Tout le monde écoutait.
Des artistes, « Les Deux Croches » ont joué des chansons. C’était un beau party.
Voyage à Walt Disney World à 17 personnes
Il y a une maison pour handicapés intellectuels à Sherbrooke. Ce sont mes amis, Janvier et Rachel Caron, qui s’en occupent. On a décidé de faire un grand voyage à Walt Disney World en Floride et Mary et moi nous étions invités à y participer. Nous sommes partis le 26 février 1999 dans un motorisé, tous les résidants, le personnel plus un chauffeur. Nous avons roulé toute la nuit en passant par New York, puis à Washington jusqu’à 5 heures du matin parce qu’il y a trop de trafic le jour. Nous avons dormi dans les aires de stationnement et nous avons mangé la bouffe que nous avons apportée. Trois jours plus tard nous sommes arrivés en Floride et le soir, à l’entrée de Disney World. Nous avons fait un très beau voyage.
Nous avions réservé une place pour le Winebago avec la roulotte plus une camionnette dans le terrain de camping. Nous sommes restés là une semaine. Nous avons visité tout Disney World. Il y avait un palais, des personnages de Disney, beaucoup d’animaux, des bateaux, des spectacles, de la danse et des chants. Il y avait aussi des parades, des feux d’artifices et des automobiles sur rails. Guillaume, 10 ans, accompagnait Luc. Il le gardait en laisse comme un petit chien de peur de le perdre.
Camp d’été de Radisson
Plusieurs étés nous sommes allés 5 jours au Camp Notre-Dame- de-Fatima. Il y avait de l’humour mais aussi du temps de repos. Il y avait des activités: des chansons autour du feu, les baignades....Chaque matin Marie-Josée nous faisait rire comme des fous avec des batailles d’oreillers.
La cabane à sucre
Quelques fois nous sommes allés à la cabane à sucre avec le Manoir Cartierville. Il y avait beaucoup de monde à la danse et on a pris des photos. Nous avons mangé du jambon, des saucisses dans le sirop d’érable, des fèves au lard et de la tarte au sucre.
Travail
Je travaille à l’ordinateur. Je sais que peut-être un jour au Centre Radisson je pourrais aider à développer des cours. Je travaillerais avec d’autres personnes handicapées, du personnel et des bénévoles.
J’aime ma vie. Je suis heureux.
Stéphane Martin
Février 2005